Le groupe Écrits d’artiste et théorie des arts au sein de l’équipe Génétique et histoire des arts s’est constitué à l’automne 2021. Son objectif est de piloter des recherches sur les écrits d’artiste présents dans l’art contemporain et dans l’art moderne. Des recherches pensées dans la suite des travaux pionniers menés en Italie par Paola Barocchi et en France par Françoise Levaillant.

Pour ce faire, il est nécessaire de croiser des champs de recherche qui, dans la recherche universitaire, sont habituellement séparés. L’écrit est pour l’artiste l’une des modalités de son dialogue direct avec d’autres artistes : ceux qui l’ont précédé aussi bien que ses contemporains et ses disciples. L’écrit porte témoignage de l’héritage des lignées de la tradition artistique dans le passé, comme de la vie de l’art et de l’enseignement contemporains de l’artiste.

Éléments fondamentaux du processus créatif et témoignages précieux de la pensée de l’artiste, les écrits sont indissociables de l’œuvre et, de ce fait, demandent à être étudiés selon des méthodes qui sont encore à inventer. Le travail sur les écrits d’artistes impose une collaboration interdisciplinaire entre historiens de l’art, artistes, philologues, philosophes, linguistes, mais aussi scientifiques et historiens de la science. Les travaux menés à la Biblioteca : Centro di ricerca e documentazione per gli studi leonardiani sous la direction de Romano Nanni sont à cet égard exemplaires. Les séminaires qu’il a organisés à Vinci sont à l’origine du long cheminement qui a mené à la rencontre à l’ITEM de deux projets : l’un consacré aux Écrits théoriques de Vassily Kandinsky, et l’autre au Lexique de la peinture en Espagne, France, Italie (XIVe-XVIIIe s.).

Le projet sur les Écrits de Kandinsky des années 1914-1921 (Édition – Traductions – Relectures), soutenu par l’EUR Translitterae en 2021, est consacré à la terminologie dans l’œuvre théorique de Kandinsky et aux problèmes de traduction de ses écrits (en russe, allemand, français). La collaboration entre des chercheurs français et allemands, menée en partenariat avec le CEFR à Moscou, est susceptible d’ouvrir sur une relecture radicale de la réflexion critique contemporaine portant sur l’art abstrait.

Le projet sur Le lexique de la peinture en Espagne, France, Italie XIVe-XVIIIe s. (cf. Carnets Hypothèses https://arterm.hypotheses.org/a-propos) entend rassembler un corpus de textes secondaires, parfois inédits, relatifs à la théorie de l’art et à la pratique d’atelier (traités d’art, livres de recettes de peintures, commandes, lettres d’artistes, etc.). Transcrites, encodées en XML-TEI et balisées par une équipe de linguistes et de philologues, ces données seront stockées dans une base qui, au terme du projet, sera mise en ligne. Ce corpus, exploité conjointement par des lexicographes, des historiens de la langue et des historiens de l’art, devrait donner lieu à un Dictionnaire historique des termes de peinture trilingue et diachronique.

Les deux projets se croiseront dans la première moitié de 2022, lors de deux rencontres interdisciplinaires autour des problématiques de la couleur.

Les journées d’études à l’École française de Rome les 4 et 5 février sur Le lexique de la couleur rassembleront historiens de l’art, restaurateurs, philologues, linguistes et philosophes autour des écrits théoriques et techniques sur la couleur du XIIe au XVIIe siècles en Italie et en France. Une table ronde sera consacrée à la présentation de l’ouvrage Le tecniche dell’arte dirigé par Sandro Baroni et Micaela Mander (Milano, Mursia, 2021).

En écho à la rencontre romaine, une Journée d’étude à Paris, le 13 mai 2022, portera sur La Couleur chez Kandinsky, ses composantes spirituelles et matérielles. Y participeront historiens de l’art, restaurateurs, musiciens, philologues et philosophes. Le fait “ couleur ” sera analysé dans ses aspects multiples à partir des différentes facettes de l’œuvre polyvalente de Kandinsky : peinture, art graphique, photographie, écrits théoriques en allemand et en russe.