L’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM), dirigé par Nathalie Ferrand, est une unité de recherche du Centre National de la Recherche Scientifique et de l’École normale supérieure (UMR 8132 CNRS / ENS), en partenariat avec l’Université de Poitiers, qui se consacre à l’étude de la genèse des œuvres de l’esprit, en littérature, linguistique, philosophie, art et sciences, à partir des traces empiriques laissées au cours du processus créateur.

La Mission scientifique de l’ITEM est donc de contribuer à la compréhension du processus créateur en analysant les documents qui témoignent de la genèse des œuvres. Ces archives — liasse de brouillons écrits à la plume d’oie, au crayon, au stylo à bille, tapuscrit, fichier numérique… — peuvent être d’ordre littéraire, mais elles peuvent également appartenir à d’autres domaines : cahiers de laboratoire qui enregistrent la mise en point et le déroulement d’une expérience scientifique, partitions musicales, esquisses et dessins préparatoires d’un tableau, rushs de films, captations photographiques, cahiers de mise en scène théâtrale, etc. Si le cœur des activités de l’Institut reste l’écriture littéraire des dix-neuvième et vingtième siècles à travers des corpus canoniques, les recherches se sont donc progressivement élargies. Cette extension porte d’abord sur les domaines esthétiques et intellectuels abordés, mais elle vaut aussi pour les périodes historiques prises en compte (écritures du XVIIIe siècle), pour les univers culturels mobilisés (écritures latino-américaines, littérature francophone) et pour les pratiques socioculturelles associées à la création, par exemple les formes d’écriture plurielle impliquées dans la genèse éditoriale ou cinématographique. Analyser le document autographe pour comprendre les mécanismes de la production, élucider la démarche de l’écrivain, du savant, du penseur ou de l’artiste et les procédures qui ont permis l’émergence de l’œuvre, élaborer les concepts, méthodes et techniques permettant d’exploiter scientifiquement le précieux patrimoine que représentent les documents conservés dans les collections et archives, telle est donc la mission fondamentale de l’ITEM.

D’un point de vue méthodologique, il s’agit de réunir les traces matérielles des processus de création (pour les œuvres littéraires : carnets d’écrivains, brouillons, épreuves corrigées…), de les mettre en relation les unes avec les autres et avec les œuvres auxquelles ces processus ont généralement abouti, et notamment de les ordonner en une suite chronologique qui reflète les étapes de l’élaboration de l’œuvre. Dans ce domaine, l’évolution des pratiques liées au développement de l’écriture nativement numérique confronte l’ITEM à un nouveau défi. Le remplacement du papier par le silicium et du codex par le disque dur ou le cloud implique pour l’étude des dossiers génétiques des créateurs du XXIe siècle qu’on mette en place une codicologie des traces et des supports numériques totalement inédite en s’inspirant des principes et des méthodes de la computer forensics.

Après avoir recueilli les traces pertinentes, le rôle du chercheur est de les analyser et de les interpréter en tant qu’indices du déroulement de la genèse et d’identifier les éléments récurrents et les régularités. Pour prendre seulement le cas de l’écriture littéraire, on pourra ainsi reconnaître les mécanismes d’invention singuliers qui se déploient dans chaque dossier, dégager les éléments propres à une œuvre, un auteur, un genre, une époque, et les situer par rapport aux caractéristiques globales de l’écriture littéraire, voire de l’écriture en général. L’élucidation des processus créateurs pourra ainsi contribuer à une meilleure interprétation des œuvres.

Cet objectif premier a pour corollaire la nécessité pour le chercheur de permettre à la communauté des spécialistes aussi bien qu’au public d’accéder à ces objets scientifiques nouveaux en établissant des éditions savantes, imprimées ou numériques. Cette préoccupation a toujours été présente dans les activités de l’ITEM, mais avec le développement rapide des technologies de l’information, elle y occupe une place de plus en plus importante. Les sources primaires restent les documents originaux. Les éditions savantes — fac-similés, critiques ou génétiques — ont quant à elles une fonction pratique et heuristique en tant qu’aide à la réalisation d’études critiques et génétiques. Elles ont aussi une fonction épistémologique en rendant possible la validation de ces études par la communauté scientifique internationale.

Enfin, à partir des résultats obtenus par les différentes équipes du laboratoire et en relevant les point de convergence, on parvient à enrichir la théorie génétique, à poursuivre l’élaboration de ses concepts et de ses outils méthodologiques. La théorisation est donc à la fois le point d’origine du travail du généticien, qu’elle oriente et inspire, et son point d’aboutissement. Sans perdre de vue l’individualité des œuvres et des créateurs, il est possible d’avancer des principes d’explication tendant vers des degrés croissants de généralité et de proposer des cadres interprétatifs qui facilitent les comparaisons et font avancer en retour l’observation et l’interprétation des corpus.

Directrice : Nathalie Ferrand
Directeur adjoint : Pierre Musitelli
Gestionnaire administrative et financière : Marie-Thérésa Mendy

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ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

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Aurèle Crasson
Marie-Thérésa Mendy, assistante de prévention (AP)
Jean-Sébastien Macke
Jérémy Pedrazzi
Claire Riffard