Grâce au travail mené pendant plusieurs années par Brian Stimpson, l’ITEM rendra accessible en ligne la reconstitution virtuelle de ce que fut la bibliothèque de Paul Valéry. La connaissance précise des ouvrages qui ont constitué la bibliothèque de l’écrivain, des annotations qui y furent portées, des différents indices pouvant témoigner d’une lecture est, bien entendue, précieuse au chercheur.

La bibliothèque de Valéry – comme celle de tout écrivain – est plurielle : le nombre de volumes qui la composent évolue au fil des époques, s’enrichit de
lectures prises dans d’autres bibliothèques, se prolonge dans des phénomènes de « réception » esthétique autres que la lecture : l’expérience du spectateur de pièces de théâtre, d’opéras ou de tableaux, l’auditeur de partitions musicales…
La bibliothèque nous laisse les traces, à travers plus de 3000 livres, du nombre remarquable de contacts avec les idées d’autres grands esprits de toutes les époques, que ce soit sous forme de dialogue dans les marginalia ou en direct avec ses contemporains par lettre ou de vive voix.
En interrogeant la base de données, on commence à tracer la libre circulation des idées à travers les lectures, les annotations, les notes, la correspondance, les manuscrits, les Cahiers et les textes publiés. Dans ce sens-là, la bibliothèque n’est pas uniquement un objet matériel, elle est surtout un grand réseau de liens hypertextuels.
On peut percevoir sur le vif le fonctionnement d’un esprit dans le milieu nourrissant des idées contemporaines et saisir les manifestations de l’interaction entre les domaines scientifiques, philosophiques, littéraires, historiques, artistiques et autres. La bibliothèque est un vaste avant-texte de la genèse des idées, un réservoir d’idées, de dialogues, de questions, de concepts qui suscitent des réactions très diverses chez Valéry : l’approbation, la confirmation, l’appropriation, l’adaptation, la contestation, le refus…