L’atelier de Jean-Jacques Rousseau se compose d’une succession de lieux symboles où, au cours d’une vie en mouvement, il a quelque temps posé sa table de travail : parmi eux son donjon à Montmorency, son laboratoire à Môtiers, cette chambre « qui ne ressemblait en aucune manière à celle d’un homme de lettres » rue Plâtrière à Paris… sans compter bois et bosquets des promenades qu’il fréquentait un carnet et un crayon en poche.

Mais cet atelier est surtout l’immense espace de papier constitué par ses manuscrits de travail, des milliers de pages autographes aujourd’hui dispersées à travers le monde. Il nous permet de découvrir les chemins de l’invention d’un écrivain penseur critique des Lumières, de suivre brouillons à l’appui la naissance du Contrat social, de l’Émile ou de La Nouvelle Héloïse, et de regarder Rousseau annoter Platon, Montaigne ou Voltaire dans les marges des livres de sa bibliothèque…

Nathalie Ferrand est directrice de recherche à l’Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS/École normale supérieure, Paris), où elle est responsable de l’équipe « Écritures des Lumières ». Elle vient notamment de publier Écrire en Europe de Leibniz à Foscolo (CNRS-Éditions, 2019) et une édition de récits brefs de Rousseau sous le titre de Trois contes (Rivages, 2021).


Nathalie Ferrand, Dans l’atelier de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Hermann, novembre 2022, 222 pages, 19 €

Page du livre chez les Éditions Hermann

Blog de la Voltaire Foundation d’Oxford

Introduction et table des matières


A propos de la collection Dans l’atelier de… Essais de critique génétique

La collection Dans l’atelier de… se propose d’aborder l’œuvre d’un auteur depuis l’espace concret de sa création, en suivant les gestes de l’écrivain en pleine action au milieu de ses notes, de sa correspondance, de ses brouillons, des livres de sa bibliothèque, tandis que la page se façonne et qu’un texte nouveau prend vie.

Qu’ils appartiennent à notre présent ou aient vécu il y a plusieurs siècles, comment les écrivains travaillent-ils ? Quelle est la relation qui les unit à leurs propres manuscrits ? Et en quoi le spectacle d’intuitions jaillissant sur le papier, ou d’hésitations dissimulées sous une rature, nous importe pour comprendre des œuvres, qu’elles soient abouties ou inachevées ? Depuis cinquante ans, la critique génétique invite lecteurs et interprètes à observer de près les processus de l’écriture ; elle a profondément renouvelé l’approche de la textualité et des manuscrits d’écrivains. A travers de brèves monographies consacrées aux auteurs du patrimoine littéraire ou relevant d’autres domaines, cette collection veut partager les fruits de ces patientes enquêtes.