Contrairement aux idées reçues, on connaît beaucoup de manuscrits de Voltaire. Mais ils sont dispersés, et pas toujours catalogués – ou correctement catalogués. En conséquence, les études des manuscrits voltairiens demeurent ponctuelles et il y a peu d’études globales qui cherchent à comprendre cette question dans toute sa complexité. Presque tout reste à faire dans cette perspective. Il existe des projets partiels déjà entamés, en rapport avec le programme d’édition des Œuvres complètes de Voltaire (OCV) qui est en cours à la Voltaire Foundation à Oxford. Ce groupe de travail se donne donc pour objectif de mener pour la première fois une recherche spécifique et systématique sur les manuscrits de Voltaire.

Objectifs

1) Cataloguer les manuscrits de Voltaire

La publication d’un catalogage complet et moderne des manuscrits de Voltaire est une nécessité. En particulier, la recherche voltairienne a besoin d’entreprendre avec des collègues russes un catalogue des manuscrits voltairiens de la Bibliothèque nationale de Russie à Saint-Pétersbourg (Catherine II a acheté les manuscrits de Voltaire en 1778, ils ont été livrés en Russie en 1779). A l’heure actuelle, les chercheurs disposent seulement d’un inventaire approximatif établi par F. Caussy, autour de 1905 et il reste certainement des découvertes importantes à faire dans les archives russes. A plus court terme, le catalogue complet de certaines collections, par exemple, la collection des manuscrits voltairiens du Fitzwilliam Museum, Cambridge, ou bien de la collection Launoit de la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles, est également à réaliser. L’équipe commencera ce travail par un catalogue en ligne qui pourra s’enrichir progressivement.

2) Le Corpus des notes marginales de Voltaire

Les marginalia de Voltaire, qui sont en cours de publication à la Voltaire Foundation constituent un gisement formidable pour la réflexion génétique. Elles ont donné lieu à une première collaboration avec l’ITEM puisque le volume paru en novembre 2012 contient les marginalia aux œuvres de Rousseau dont les notes éditoriales ont été réalisées par N. Ferrand. Ce n’est qu’une première étape. Est prévue l’organisation conjointe entre l’ITEM et la Fondation Voltaire d’un colloque sur ‘Genèse et marginalia’ qui rejoint et prolonge des travaux menés au sein de notre Unité sur les bibliothèques d’écrivain est prévue (sur cette thématique de recherche à l’ITEM voir par exemple Bibliothèques d’écrivains, sous la direction de Paolo D’Iorio et Daniel Ferrer, Paris, CNRS éditions, 2001). Un livre sur les marginalia de Voltaire est actuellement en préparation par Gillian Pink, qui prend en compte la démarche génétique dans son analyse.

3) Les manuscrits dits “du fonds de Kehl”

Après la mort de Voltaire en 1778, la première édition des Œuvres complètes de Voltaire, dite « de Kehl » (1784), se fonda sur une décision éditoriale qui a eu d’énormes conséquences sur notre connaissance de Voltaire puisque les éditeurs ont en quelque sorte inventé le Dictionnaire philosophique tel que nous le connaissons. Les manuscrits dits “du fonds de Kehl” n’existent plus que sous forme imprimée. Est-il possible de les reconstituer à partir de l’édition imprimée et de retrouver la matière sous-jacente et le projet intellectuel originel de Voltaire ? Découvrir les enjeux et les problèmes posés par la genèse de ce texte est essentiel en vue de la préparation de son édition critique.

Responsable : Nicholas Cronk, Professeur de littérature française, l’Université d’Oxford, directeur de la Voltaire Foundation

Participent aux travaux de ce groupe: Russell Goulbourne, Professeur à King’s College, Londres; Laurence Macé, Maître de conférences, Université de Rouen; Christiane Mervaud, Professeur émérite Université de Rouen; Gillian Pink, Research Editor, Voltaire Foundation, Université d’Oxford; Vladimir Somov, Chercheur Saint-Pétersbourg.

Institutions partenaires
Voltaire Foundation, Université d’Oxford, BnF Paris, Bodleian Libraries, La Société des études voltairiennes (SEV) & Revue Voltaire