Homo fabulator, la performativité des fabulations

21/11/2024, ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris – Salle Celan (14h-16h)

Amadeo de Souza Cardoso, Le Moulin

La pensée associationniste a une très longue histoire et a exercé une influence majeure, dont l’apogée se situe entre la philosophie de l’âge classique et la psychologie empirique du XIXe siècle. Au cours de ces trois siècles, l’association des idées a fait l’objet d’une extension à la fois radicale et paradoxale : ce qui devait initialement rendre compte des aberrations de la pensée s’est vu conférer progressivement le statut de loi fondamentale de la vie mentale, garant de la scientificité de la psychologie moderne. Comment le principe des errances de la pensée, débordant le cadre des exceptions, en est-il venu à désigner les régularités universelles et le cours normal de la vie de l’esprit ? Pour répondre à cette question, je montrerai que l’histoire de l’associationnisme illustre la prise de conscience croissante que la pensée repose fondamentalement sur des mécanismes précaires, biaisés, erronés, voire affabulateurs, et que la différence entre raison et folie, connaissance et illusion, n’est peut-être que de degré. Je me concentrerai également sur les effets réels que les associations d’idées fausses et les fausses associations d’idées sont susceptibles d’exercer sur notre pensée et notre comportement.

 

David Simonin est normalien, agrégé et docteur en philosophie ; il est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur Nietzsche, dont Le Sentiment de puissance dans la philosophie de Friedrich Nietzsche (Classiques Garnier, 2022) et Aurore de Nietzsche. La performativité de l’illusion (De Gruyter, 2024). Membre de la Friedrich Nietzsche Society, du groupe de recherche HyperNietzsche et de la Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité, il a cofondé le Cercle d’études nietzschéennes et est actuellement chercheur CDD à l’ITEM, où il dirige le projet de recherche ANR « Homo fabulator ».