22/11/2022 - 23/11/2022, Rome, fondazione Primoli

Vieillir : se retirer graduellement du monde de l’apparence.
Goethe, Maximes et réflexions.

Les derniers mots d’un écrivain ne sont pas toujours le témoignage d’une plénitude, l’illustration d’une parfaite maîtrise, ou, au contraire, la conséquence d’une sénescence de l’esprit. Ils n’expriment pas non plus invariablement une sagesse de vie ou une conscience de l’art, une relation apaisée à l’existence qui se termine, le soulagement du créateur qui tourne sa dernière page. L’inquiétude et l’espoir des temps à venir y sont souvent plus représentés que les accomplissements passés. Dans ses réflexions sur le « style tardif » [Spätstil] de Beethoven, Theodor W. Adorno refusait de comparer la maturité des œuvres tardives à celle d’un fruit : « Elles sont rarement rondes et lisses, mais pleines de rides, voire déchirées ; leur goût n’est pas sucré et avec leurs épines, leur amertume, elles se refusent à être simplement goûtées ; il leur manque cette harmonie qu’une esthétique néoclassique a coutume d’exiger d’une œuvre d’art, et elles portent la trace de l’Histoire plus que celle d’une croissance[1]. »
Dans le colloque qui aura lieu à l’université Roma III, en collaboration avec l’ITEM (CNRS-ENS) et l’université Saint-Louis de Bruxelles et avec le soutien de la fondation Primoli, les 22 et 23 novembre 2022, nous souhaitons explorer le dernier style des poètes, du xixe au xxie siècle, afin de comprendre s’il existe une poésie de la fin aussi bien qu’une fin de la poésie, et quelles formes particulières assument-elles.

[1]. Écrit en 1934, « Über Spätstil. Zum letzten Beethoven » a été publié en 1937 dans Der Auftakt et recueilli dans Moments musicaux en 1964 ; Theodor W. Adorno, Beethoven. Philosophie de la musique, édition de Rolf Tiedemann, préface de Jacques-Olivier Bégot, traduit de l’allemand par Sacha Zilberfarb, Paris, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’École normale supérieure, 2020, p. 171.

Comité scientifique : Olivier Bivort, Valerio Magrelli, Yoshikazu Nakaji, Luca Pietromarchi, Henri Scepi.
Organisation : Luigi Magno, Andrea Schellino et Julien Zanetta, avec le soutien de l’Università Roma Tre, de l’ITEM (ENS-CNRS) et de l’université Saint-Louis de Bruxelles

PROGRAMME (Télécharger le PDF)

Mardi après-midi

Président de séance : Federica Locatelli

  • Henri Scepi (Université Sorbonne Nouvelle) – Remarques sur le style tardif
  • Aude Préta-de Beaufort (Université de Lorraine) – « On regarde la fin / qui nous regarde » (Marie-Claire Bancquart, Figures de la terre, 2017) : l’œuvre de vieillesse de Marie-Claire Bancquart et la tardivité

Pause

  • Massimo Blanco (Sapienza – Università di Roma) – Le paysage marin de Mallarmé (Un coup de dés)
  • Emmanuelle Tabet (Sorbonne Université), intervention en ligne« Écrire ma vacuité de force, de pensées » : l’écriture de la déprise chez le dernier Bauchau

Mercredi matin

Président de séance : Luca Pietromarchi

  • Luca Bevilacqua (Tor Vergata – Università di Roma) – « Je peux mourir en souriant » : le temps de la fin (et de l’avenir) dans les derniers poèmes d’Apollinaire
  • Valerio Soldà (Università Roma Tre) – « Tout a un visage vocabulaire » : l’art poétique du dernier Henri Pichette

Pause

  • Thomas Augais (Sorbonne Université) – Tumulte(2001) : les derniers poèmes d’André du Bouchet

Mercredi après-midi

Président de séance : Henri Scepi

  • Olivier Bivort (Ca’ Foscari – Venezia) – Le dernier Verlaine et « l’école du copinage » : déchéance ou renouvellement ?
  • Federica Locatelli (Università della Valle d’Aosta) – Jean Tardieu, « moitié pierre et moitié écume »

Pause

  • Paolo Tamassia (Università di Trento) – Le style tardif d’Alfred de Vigny