Séminaire :
Séminaire général de critique génétique / 2025-202610/02/2026, ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris – Salle (à venir) (17h-19h00)
La critique génétique, qui a forgé ses outils à partir de l’étude des manuscrits d’auteur des XIXe et XXe siècles, peut-elle être appliquée avec profit aux objets textuels de la première modernité et, plus précisément, à ceux de la péninsule Ibérique, alors unifiée dans cet ensemble polycéphale communément désigné comme Monarchie catholique, et dont les frontières englobaient bien plus que la seule Espagne actuelle ? La question se pose à plusieurs niveaux, qui seront tous évoqués, avant que l’examen de plusieurs exemples concrets ne permette d’en envisager les contours historiques précis : des sonnets de chansonniers à la manière pétrarquiste, des nouvelles de Cervantès et des comedias de Lope de Vega.
Par ce prisme, on aura l’occasion d’évoquer, en même temps que l’émergence du livre imprimé, celle de la notion de manuscrit, qui change alors de valeur et de signification par rapport aux parchemins de l’époque médiévale. Les manuscrits continuent alors d’être la forme privilégiée de travail mais aussi de présentation et d’hommage de l’œuvre littéraire. Il n’y a pas des genres imprimés, mais des genres, se définissant tout autant par leur inscription dans des cadres rhétoriques et sociaux publics où l’interprétation, adscrite à l’instant, compte autant, voire davantage, que l’imprimé. Le sens du texte lui-même n’est pas solidifié, mais ductile et mobile – et mobilisable –au gré des circonstances.