Roland Barthes, littérature et philosophie autour des années 1960

28/03/2008

Si jamais un philosophe ne fut son guide – jamais un guide, jamais un philosophe, jamais un seul – c’est d’abord parce que Barthes a opposé à la philosophie une pratique particulière de la pensée, un rapport singulier aux concepts, aux catégories, à leur sérieux et à leur durée, à leur incarnation et à leur « couleur ». Mais c’est aussi qu’il a voulu emprunter à trop de doctrines « un peu de leur projet et un peu de leur langage » pour n’en élire qu’une seule.
Barthes invite à une pluralité de lectures et de relations, où les influences, retours d’ « idées-phrases », modulations d’une première rencontre, s’observent en tous sens : Barthes sceptique, Barthes anti-humaniste, phénoménologue, moraliste ; ou encore : Barthes et Marx, Derrida après Barthes, Barthes et Lacan, les quatre ou cinq Sartre de Barthes… Sans doute se succèdent-elles au long des trois périodes que l’on décèle dans le parcours de Barthes : le moment de la critique sociale, le moment de la structure, le moment « romanesque ». Mais leur irréductibilité nous encourage aussi à défaire ces étapes pour y voir de plus près, à apprécier les entêtements de Barthes et ses infidélités : qu’était « le réel » avant qu’il n’apparaisse, tardivement, comme un mot clef ? qu’est devenue « la structure » lorsque Barthes est revenu vers Sartre ? comment ont dérivé en lui la notion de plaisir ou celle d’utopie ?
Suivant l’exemple de Jean-Claude Milner, qui a observé « le pas » que Barthes avait fait vers la philosophie et à l’intérieur de celle-ci, nous voudrions rendre une pensée à la pluralité de ses vies possibles, et éclairer de ces multiples feux un moment complexe de la culture philosophique française.

Ce colloque est organisé par le département « Littérature et langages » et par le Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine (CIEFPC, département de Philosophie) de l’Ecole normale supérieure, sous la responsabilité de Michel Murat, Frédéric Worms et Marielle Macé.

Programme
Vendredi 28 mars

14h : Ouverture
14h 15 : Jean-Claude MILNER : Roland Barthes et l’allusion au concept. De la philosophie comme levée d’écrou
15h 30 : Persida ASSLANI : Comment lire l’homme? Barthes et la question comme atopie
16h 15 : Marielle MACE : Barthes et l’individuation : « La vie comme phrase »
17h : Table ronde. Michel MURAT, Frédéric WORMS, Jean-Charles DARMON

Samedi 29 mars

Matinée:
9h 30 : Gilles MOUTOT : Le sujet, le neutre et la marchandise. Sur Barthes et Adorno
10h 15 : Thomas CLERC : Barthes conceptuel. La Préparation du roman
11h 15 : Philippe ROGER : « Quelque M. Teste à l’envers »

Après-midi:
14h 30 : Claude COSTE : Sur Racine : un éclectisme critique ?
15h 15 : Anne HERSCHBERG-PIERROT : A propos du Roland Barthes par Roland Barthes
16h 15 : Eric MARTY : Roland Barthes par Roland Barthes, la question de l’antiphilosophie
17h Conclusions du colloque

Contact : secretariat.lila@ens.fr