Depuis la fin du XIXème siècle, nous assistons de plus en plus fréquemment à la description de l’effondrement de l’esprit, où ce qui semble être une réalité immuable perd soudainement son sens. Les écrivains racontent sans cesse ce moment où la réalité de la vie quotidienne se décompose et commence à ressembler à une masse inexplicable. Comment un tel événement peut-il se produire ?

Dans cette chute dans un monde « inhumain », nous observons deux tendances apparemment contradictoires, qui pourtant finissent par converger vers une conception nouvelle du sujet, profondément marquée par un état de réceptibilité aigüe. Il y a, d’une part, une perte totale de la lisibilité du monde ; mais de l’autre, la résurgence d’un sens, désormais établi par l’interpénétration de l’esprit et du monde.

Examiner la poétique de l’inhumain conduit d’abord à réfléchir aux sentiments produits par la perte de l’apparente stabilité de la vie quotidienne, par la constatation que l’environnement, apparemment stable grâce à l’humanisation, est complètement bouleversé et se désintègre en perdant son fondement. En même temps, il s’agit d’examiner la dynamique fondamentale de la perception humaine, capable de revenir d’un tel sentiment de déperdition au quotidien. Seulement, celui qui revient n’est plus le même que celui qui est jeté dans le non-sens du monde autour de lui.

À partir d’une telle perspective, Masanori Tsukamoto propose de suivre, au fil de ce cycle de conférences, les « poétiques de l’inhumain » chez Valéry, Mishima et Merleau-Ponty.