27/01/2025

Dans le numéro de 2024, la revue de l’AFHEPP a déroulé le manuscrit clandestin du marquis de Sade, celui des 120 journées de Sodome. En 2025, dans  le numéro 19 de la revue PapierS, le voyage se poursuit dans le monde des rouleaux, avec des documents liés à des contextes religieux et administratifs, mais toujours prestigieux et fascinants.
Shouji Sakamoto consacre une analyse scientifique au Sūtra du diamant, rouleau imprimé et daté de 868. Gageons que la rigueur de son approche n’empêchera pas notre imaginaire de s’envoler vers les cités perdues d’Asie centrale, les bibliothèques oubliées sous les sables du désert de Gobi, les temples rupestres creusés dans la paroi rocheuse… Ce trésor, le plus fantastique de tous les incunables, fut rapporté de Dunhuang vers l’Angleterre par l’explorateur archéologue Aurel Stein, brillant orientaliste qui brava les éléments, les faussaires et de multiples dangers…
Léger et transportable, facile à prolonger et à montrer, le rouleau fut employé au Moyen Âge pour des usages très variés, notamment administratifs (comptabilités, procédures, listes ou inventaires). Les cartulaires-rouleaux, qui rassemblent des copies de chartes, ont fait l’objet d’un vaste projet fédérant des chercheurs et une cinquantaine d’institutions de conservation. Elodie Papin met ici en évidence l’émergence progressive de rouleaux en papier aux XIVe et XVe siècles et se concentre sur leur matérialité : supports, formats, techniques d’assemblage, filigranes.
Hoa Perriguey retrace, quant à elle, l’histoire du papier serpente, qui fut produit du XVIe au XXe siècle en France et en Hollande. Très apprécié pour sa finesse, sa transparence et son homogénéité, il servit principalement à la confection d’éventails, ainsi qu’à la protection de gravures.
Intriguée par un papier atypique marqué « Gevaert » découvert à l’occasion de la restauration d’une partition de musique, Annabelle Malhere explore l’histoire effervescente, pas si lointaine, mais déjà oubliée, des procédés de reproduction de documents, car la duplication fut un enjeu majeur pour les administrations tout au long du XXe siècle.
Enfin, accrochez-vous ! Lucie Bonnet nous entraîne au cirque, dans un spectacle de haute voltige où nous assisterons à une expérimentation fusionnelle des attributs du papier. Nulle part ailleurs que dans la création Pli, nous n’avions vu le papier devenir matière à danser, à se suspendre, à voltiger et à rêver. Ici le corps explore la fragilité du papier, mais aussi son étonnante résistance, sa capacité à se transformer, à garder l’empreinte des mouvements, ses qualités esthétiques et sonores.
La partie Comptes rendus regorge également d’un lot d’évènements : colloques, conférences, lectures, thèses… Internet nous les offre de plus en plus souvent en accès libre, alors suivez les liens !

Maryse PIERRARD (responsable de la publication)

SOMMAIRE

ÉDITORIAL
Maryse PIERRARD, Responsable de la publication

ANALYSE NON DESTRUCTIVE DU PAPIER DU SŪTRA DU DIAMANT, LE PLUS ANCIEN OUVRAGE IMPRIMÉ ET DATÉ
Shouji SAKAMOTO, Ryukoku University

LA MATÉRIALITÉ DES CARTULAIRES-ROULEAUX DU XIe AU XVe SIÈCLE : SUPPORTS, FORMATS ET ASSEMBLAGES À L’ÉTUDE
Élodie PAPIN, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRUJH) , projet ANR JCJC ROTULUS

SUR LES TRACES DU PAPIER SERPENTE

Hoa PERRIGUEY, conservatrice-restauratrice Arts graphiques et livres

RECHERCHES AUTOUR D’UNE PARTITION DE CANTATE SUR PAPIER GEVAERT
Annabelle MALHÈRE-LOYER, restauratrice Arts graphiques et livres – enseignante de reliure à l’École Estienne

LE SPECTACLE PLI, OU LE PAPIER À L’ÉPREUVE DU CIRQUE

Lucie BONNET, doctorante (Univ. Grenoble Alpes, UMR 5316 Littérature & Arts, ED LLSH)
Avec la participation d’Alexis MÉRAT, ingénieur, plieur froisseur de papier

COMPTES RENDUS

Tous les renseignements sont disponibles sur le site de l’AFHEPP