Autobiographie et Correspondances / 2020-2021

01/04/2021, Séminaire en visio-conférence. 17h - 19h00

Voilà enfin publiées les lettres de Renée Vivien à son ami et conseiller littéraire Jean Charles-Brun, sous la responsabilité de Nelly Sanchez, docteure ès lettres et spécialiste de la littérature féminine française du début du XXe siècle. Ces lettres, plus de 500 signées par la poétesse, ont été conservées pendant plus d’un siècle par la famille du destinataire, au grand dam des admirateurs de la poétesse et des universitaires qui n’avaient jusque-là accès qu’à quelques bribes de cette importante correspondance. Professeur, hélléniste, Jean Charles-Brun était poète, homme politique et félibre, connu comme la figure de proue du mouvement régionaliste du début du XXe siècle. Les lettres que lui envoie Renée Vivien entre 1900 et 1909 évoquent les coulisses de la vie mondaine et littéraire de l’époque – Colette, Anna de Noailles, Natalie Clifford Barney (avec laquelle Renée Vivien eut une liaison tumultueuse), l’éditeur-imprimeur Alphonse Lemerre, etc. Elles lèvent aussi le secret sur sa collaboration littéraire et sa relation avec Hélène de Zuylen, sa dernière maîtresse connue. Ceux qui connaissent la poétesse retrouveront sa nature libre, primesautière, d’une ironie féroce et d’une langue très crue. Provocante à l’époque, elle semble aujourd’hui d’une étonnante actualité, cultivant l’ambiguïté entre les sexes – déconstruction du genre avant l’heure ? Ainsi surnomme-t-elle son conseiller littéraire, devenu son ami et confident, «chère Suzanne ».

Mais surtout ces lettres offrent de nouvelles pistes de recherches aux spécialistes. Elles montrent un autre visage de la poétesse, trop souvent réduite à une égérie du lesbianisme sous le nom de « Sapho 1900 ». À travers les échanges parfois très vifs avec sa « chère Suzanne », on découvre le processus de création de sa poésie, son écriture exigeante, son goût pour la musicalité de la langue. Figure majeure mais atypique de la littérature féminine de la Belle Époque, Renée Vivien, après une longue éclipse, semble sortie de son purgatoire grâce à des travaux universitaires et à des rééditions diverses qui ont vu le jour depuis une quarantaine d’années. Ces lettres enfin publiées participent à cette renaissance.

Points forts
• Un document jusque-là inaccessible très attendu par les universitaires et chercheurs spécialisés dans la littérature du début du siècle.
• La poétesse a un cénacle d’admirateurs qui fleurissent régulièrement sa tombe au cimetière de Passy. Outre la création d’un prix de poésie en son hommage, le prix Renée-Vivien, une place porte son nom à Paris : place Renée-Vivien, dans le quartier du Marais.

L’auteure
Pauline Mary Tarn, alias Renée Vivien, est née le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris. « Sapho 1900 », comme on l’appelle, s’était définitivement installée à Paris à l’âge de 21 ans pour écrire sa poésie, ses nouvelles et ses romans, au total une vingtaine d’ouvrages publiés en l’espace de huit ans chez Alphonse Lemerre (spécialiste du Parnasse contemporain) et dans d’autres éditions hors-commerce. Renée Vivien a également fait preuve d’érudition en traduisant du grec les œuvres de grandes poétesses de l’Antiquité, dont Sapho (d’où son surnom).