La critique génétique a longtemps considéré que le processus d’élaboration des œuvres prenait fin avec la publication. L’avant-texte était son territoire. L’après-texte relevait d’autres approches. Ce numéro de Genesis interroge cette position en s’autorisant pour la première fois un regard large sur la pratique de la réécriture après publication. Car Andersen, Schopenhauer, Mallarmé, Balzac, Ramuz, Cendrars, Reverdy, Derrida ou Duras ne s’en sont pas laissé compter : chez eux comme chez bien d’autres, le processus créatif n’a pas toujours été arrêté par la première publication (ni même parfois par la deuxième, la troisième…).

Les études réunies ici – comme les images ébouriffantes de livres couverts de ratures, ou encore le témoignage d’un réécrivain invétéré : Jean Starobinski – font bien sentir que les cas de réécriture après édition ne se réduisent pas à des « exceptions qui confirment la règle ».

Que change-t-on à une œuvre pourtant « finie » et déjà livrée au public ? Et pourquoi changer encore ? Répondre à ces deux questions, de manière singulière (sections « Études ») ou plus générale (section « Enjeux »), conduit à réenvisager les relations entre philologie et génétique, ou entre écriture et publication. Car la mise en circulation du texte ne signe pas la fin de son élaboration, mais transforme les conditions de sa poursuite.

Composant avec la première réception de l’œuvre ou les collaborateurs de l’édition, la phase post-éditoriale de la création est sans conteste la plus contrainte. Ce n’est pas le moindre de ses intérêts, le livre n’étant pas un brouillon tout à fait comme les autres

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