Né à Saint-Cloud, le 15 juillet 1880, Christian Lazard, fils cadet de Simon Lazard, co-fondateur de la banque Lazard a tenu un journal de 1926 à 1942. Ce document se compose de 19 cahiers manuscrits, assortis d’un certain nombre de lettres et documents divers. L’ensemble retranscrit constitue un fichier de 3,4 millions de caractères.

Ce document apparaît comme un témoignage original et précieux de la vie d’un grand bourgeois juif parisien de l’entre-deux guerres. Son contenu recouvre de nombreuses thématiques : sociabilité, vie familiale, conviction religieuse, position face aux juifs, commentaire de la vie économique et politique, pratiques culturelles, participation à la vie politique locale, réaction face à la montée du nazisme, vie quotidienne sous l’Occupation. Victime des lois antisémites du régime de Vichy, Christian Lazard est arrêté en juillet 1942. Interné à Drancy, puis à Pithiviers et à Beaune la Rolande avant de revenir à Drancy, il fait partie du convoi n°57 du 18 juillet 1943 à destination d’Auschwitz.

L’exposé sera consacré aux écrits de Christian Lazard pendant la guerre. Il s’agit d’une part de la poursuite de son journal qui détaille avec précision les effets des mesures antisémites sur la vie quotidienne de l’auteur. Par ailleurs, durant son année de captivité, Christian Lazard à rédiger un témoignage de sa condition de détenu dans les camps français. Ce texte est parvenu à sa femme par le biais d’une infirmière de Drancy connue de la famille Lazard. Les vingt-trois pages dactylographiées qui forment ce texte ont fait l’objet d’un dépôt aux Archives Nationales.

Directeur de recherche au CNRS, Cyril Grange travaille depuis une quinzaine d’années sur la grande bourgeoisie juive parisienne sous la IIIe République. Il s’intéresse tout particulièrement aux processus d’acculturation, d’intégration et de conservation des spécificités identitaires de ces grandes dynasties pour la plupart bancaires et financières. Les questions relatives aux stratégies matrimoniales sont une direction importante de ses travaux et l’ont conduit à s’intéresser aux méthodes d’analyse de réseaux. Il s’intéresse par ailleurs aux grandes fortunes juives parisiennes et à leur dimension internationale. En accord avec les descendants de Christian Lazard, fils de l’un des co-fondateurs de la banque Lazard, il mène un travail sur le Journal que celui-ci a tenu entre 1926 et 1942.