18/11/2021 - 21/11/2021, Institut d’études avancées de Paris – 17, quai d’Anjou

Gustave Courbet, Portrait de Baudelaire (1848), Montpellier, musée Fabre © RMN-Grand-Palais / Agence Bulloz

Organisateurs :
Aurélia CERVONI | Henri SCEPI | Andrea SCHELLINO
avec le soutien de la BnF, de l’Institut d’études avancées de Paris,
de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ENS-Ulm/CNRS),
de l’EUR Translitteræ (PSL Université), du musée Carnavalet,
de la Sorbonne Nouvelle (CRP 19) et de Sorbonne Université (CELLF)

Souvent célébré – à tort – comme le chantre de la modernité, Baudelaire semble se tenir à l’écart des ruptures. Les choix esthétiques qui sont les siens, des Fleurs du Mal au Spleen de Paris, ne sont pas la proclamation retentissante d’un aggiornamento poétique. Ils visent au contraire à réinscrire une démarche créatrice – et les conditions de l’invention formelle qui l’accompagne, de la permanence du vers à la promotion du poème en prose – dans une continuité sensible et vivante, toujours réfléchie. L’incipit de la poésie nouvelle s’écrit à la lumière, tamisée ou oblique, des textes anciens. Plus que jamais pour Baudelaire le poème est le langage qui se souvient, le verbe qui n’est oublieux de rien et qui ne s’aveugle pas aux mirages du présent. Il est une mémoire active, qui recueille pour mieux inventer.

C’est pourquoi la question des traditions poétiques est si essentielle dès lors qu’on s’attache à situer Baudelaire dans l’histoire de la poésie française de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle permet d’évaluer à nouveaux frais les liens de contiguïté ou de parenté plus nettement revendiquée avec tel ou tel courant de la poésie des siècles passés que Baudelaire s’emploie à perpétuer en les revivifiant. Car loin de se réduire à une répétition du même, la tradition ainsi conçue apparaît comme la remise en œuvre dynamique et créatrice des filiations et des modèles, la réexploration passionnée des génies et des œuvres. Elle s’ouvre moins à la recollection des formes du passé qu’au processus actuel par lequel elle féconde le présent de l’écriture. De là découle une historicité particulière qui confère à la poésie de Baudelaire – en vers ou en prose – aussi bien qu’à ses écrits critiques d’ailleurs, une portée réflexive qui en fait tout le prix. La conscience de soi de la poésie ne va pas sans ces jeux d’ombre et de lumière qui donnent à l’écriture son modelé et qui, par là, assurent sa continuité dans le vaste mouvement de la création, qui est comme « un écho redit par mille labyrinthes ».

Le propos du colloque « Baudelaire et les traditions poétiques » sera donc d’examiner les formes diverses que prend l’incessant dialogue que le poète noue avec les héritages poétiques et artistiques, non seulement pour en mesurer l’incidence et en apprécier l’exacte teneur, mais aussi pour mieux comprendre les partages et les exclusives qui peuvent toujours en résulter.

Nous nous proposons, tout d’abord, de reconsidérer les liens de Baudelaire avec les traditions dont il revendique l’héritage ou dont il prétend se détacher. Comment les reprend-il à son compte, en les revivifiant ? Comment s’en éloigne-t-il ? Comment le métissage des traditions s’opère-t-il dans Les Fleurs du Mal et dans Le Spleen de Paris ? Comment le travail poétique devient-il, sous la plume de Baudelaire, le creuset de formes nouvelles ? Comment Baudelaire se situe-t-il lui-même dans l’histoire de la poésie et quelle place y occupe-t-il ? Comment a-t-il construit – avec la part de fiction que cela suppose –, sa propre généalogie poétique ?
Pour en savoir plus : https://www.translitterae.psl.eu/baudelaire-et-les-traditions-poetiques/