Séminaire international Léopold Sédar Senghor

13/12/2023, UCAD salle 115 et visioconférence

Le lien pour suivre la séance en visioconférence peut être demandé auprès de Claire Riffard (claire.riffard@cnrs.fr).

Cheikh Thiam (Amherst College), « Négritude, modernité et l’avenir des études africaines ».

L’histoire de la critique de la Négritude, de Jean Paul Sartre à Souleymane Bachir Diagne, Messay Kebeke, Donna Jones, V.Y. Mudimbe, Oyeronke Oyewumi, Gary Wilder et Abiola Irele, a toujours vacillé entre deux camps. Elle a présenté le mouvement comme une réévaluation positive et inclusive de l’expérience des personnes d’ascendance africaine ou comme une représentation essentialiste de l’être là de « l’Homme noir ». Dans les deux cas, la Négritude est comprise comme une réaction au projet épistémique et politique colonial. Elle n’échapperait donc pas à la colonialité du savoir en ce sens qu’elle réaffirme la centralité du sujet moderne occidental. La lecture de la vie et de l’œuvre de Senghor que je propose ici montre cependant que sa production intellectuelle n’est pas principalement une réaction au projet colonial occidental. Elle est enracinée dans son engagement avec les métaphysiques, les ontologies et les épistémologies africaines telles que celles des Sereers, des Dogons et des Bambaras, ainsi que dans son appréciation de l’esthétique de l’art africain.
Cheikh Thiam est professeur titulaire dans les départements d’Anglais et d’Études Africaines à l’Amherst College. Ses travaux portent sur les épistémologies africaines et les études postcoloniales et décoloniales. Il a été rédacteur en chef adjoint de Research in African Literatures, le plus grand journal de littérature africaine aux USA et éditeur de African Studies Review, le journal de l’African Studies Association. Cheikh Thiam est l’auteur et l’éditeur de plusieurs volumes sur la négritude et sur la philosophie et la littérature africaine, dont Return to the Kingdom of Childhood : Re-envisioning the philosophical relevance of Negritude (Ohio State University Press, 2014) et Epistemologies from the South : Negritude, Modernity, and the Idea of Africa (University of Kwa-Zulu Natal Press, 2023). Il est également l’éditeur de Negritude Reloaded, un numéro spécial de la Journal of African Philosophie et l’auteur de plus d’une quinzaine d’articles sur le même sujet.

Martin Mourre (IMAf), « Senghor, Cheikh Anta Diop et l’histoire politique du Sénégal indépendant ».

L’histoire politique du Sénégal indépendant est marquée par un affrontement idéologique entre Cheikh Anta Diop et Senghor. Cette communication reviendra sur quelques éléments de cet affrontement, en mettant en parallèle leurs pensées respectives sur une diversité de questions : rapport aux langues africaines, place du Sénégal et de l’Afrique dans les relations internationales, vision de l’histoire, etc.
Martin Mourre est chercheur affilié à l’Institut des mondes africains (IMAf). Il a travaillé sur le massacre de Thiaroye et l’histoire politique du Sénégal. Il vient de coordonner un numéro de la Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique sur le parcours politique de Cheikh Anta Diop.