Séminaire manuscrits scientifiques / 2022-2023

26/05/2023, ENS, 45 rue d'Ulm 75005 Paris, salle L et M-H SCHWARTZ (INFO 2). De 10h30 à 12h30.

Photographie issue du fonds J.Delsarte de l’IECL J.Dixmier, J.Dieudonné, P.Samuel, A.Weil, J.Delsarte, L.Schwartz, Pelvoux-le-poët, juin-juillet 1951.

Nicolas Bourbaki, en tant que collectif de mathématiciens, laisse derrière lui un nombre conséquent d’archives. Leur accessibilité est rendue possible grâce à un archivage constitué par le groupe lui-même et l’intervention des différentes secrétaires du groupe, actrices dans la transcription et la conservation des archives. L’écriture mathématique à plusieurs mains nous mène à nous questionner sur la singularité de ce procédé d’écriture et nous ouvre la porte à une critique génétique des rédactions mathématiques. En particulier, l’écriture collective sous pseudonyme nous force à un travail d’identification des différents acteurs et de leur implication dans l’élaboration d’un fascicule. En nous restreignant au livre d’Algèbre, nous nous questionnerons sur le traitement et l’exploitation de ces archives collectives qui nous permettant de nous extraire du caractère d’anonymisation du groupe. L’originalité du travail collectif nous pousse, grâce aux archives collectives et personnelles, à une étude socio-génétique des manuscrits de Bourbaki. Les historiennes et historiens des sciences naviguent entre indices et preuves pour identifier le ou les auteurs des rédactions et comprendre les positions personnelle des membres. Nous présenterons les difficultés à reconstituer la genèse pré-éditoriale d’un fascicule de manière continue en nous appuyant sur les manuscrits collectifs et les archives personnelles de membres du groupe. La richesse de l’itinéraire de ces écrits mathématiques nous aide à comprendre le fonctionnement collaboratif original de production scientifique collective. Notre intervention, centrée sur le Livre d’Algèbre, propose une nouvelle lecture du projet et des discours du groupe de mathématiciens.

Camille Rolland est doctorante aux Archives Henri Poincaré de l’Université de Lorraine sous la direction de Christophe Eckes et de Laurent Rollet.