I Manoscritti italiani del Settecento. Un approccio genetico, a cura di C. Del Vento e N. Ferrand, Firenze, Le Lettere (Quaderni della RdLI, 5), 2018, 221 pp. (ISBN: 978-88-9366-060-0).

Le siècle des Lumières et, d’une manière générale, l’Ancien Régime ont longtemps ressenti les effets de leur situation entre deux grandes périodes de l’histoire de la tradition textuelle: en amont, l’époque médiévale, où la transmission manuscrite est la seule possible; en aval, l’époque contemporaine, les XIXe et XXe siècles, où l’importance du manuscrit réside dans sa valeur de témoignage et d’authentification du travail de l’auteur. L’étude des brouillons et des versions préparatoires d’un texte, mais aussi des matériaux qui ne sont pas strictement éditoriaux, et qui peuvent néanmoins contenir un texte in nuce ou en provoquer l’écriture (listes de mots, extraits de lecture, notes manuscrites, annotations, ou simples dessins), permet d’explorer l’œuvre en train de se faire et représente la première clé d’interprétation, comme le rappelle à juste titre Carla Riccardi, et comme le montre la contribution de Vincenza Perdichizzi à propos d’Alfieri. Les œuvres du XVIIIe siècle, à l’instar de celles contemporaines ou des siècles précédents, ne sont pas le fruit d’un instant de génie mais de l’étude laborieuse de leurs auteurs, du dialogue qu’ils ont entretenu avec la tradition, des vols inavoués, des hésitations, des repentirs et des réécritures incessantes. Leur genèse nous offre des leçons non moins importantes que celles de leurs versions définitives.
Les essais présentés dans ce volume se caractérisent par le croisement méthodologique de l’étude de l’atelier d’écrivain avec l’histoire des pratiques d’écriture, l’histoire du livre et l’histoire de l’édition (explorées par Lodovica Braida, et également croisées par Silvia Tatti dans sa contribution), et contribuent à une meilleure compréhension de certaines œuvres italiennes du XVIIIe siècle et de leurs différentes étapes d’élaboration. L’étude des manuscrits d’auteurs et des pratiques d’écriture permet de mieux comprendre ce qu’était un écrivain en Italie au siècle des Lumières, esquissant ainsi une nouvelle image du XVIIIe siècle.