Autobiographie et Correspondances. « Témoins de leur temps » / 2019-2020

23/01/2020 - 23/01/2020, ENS, 46 rue d'Ulm, Salle des conférences

Janine Altounian : Entretien autour de L’Effacement des lieux (PUF, 2019)

Janine Altounian, essayiste, germaniste, traductrice de Freud, a publié en 2019 L’Effacement des lieux. Autobiographie d’une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud (PUF). Cet ouvrage reprend, résume et reformule les réflexions nées d’une vie entière consacrée à penser la traduction du traumatisme (Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie. Un génocide aux déserts de l’inconscient, 1990 ; L’intraduisible. Deuil, mémoire, transmission, 2005), en utilisant notamment, et de manière privilégiée, la voie de l’expérience autobiographique : celle de l’auteure, mais aussi celle de son père, dont elle a publié et commenté le journal.

Ce qui a porté le désir de rassembler les textes qui forment, selon les mots de son auteure, un « livre testament » est un constat, non dépourvu de pessimisme, sur les répétitions des traumas à l’échelle temporelle. Cent ans après le génocide, consciente d’appartenir à la génération des derniers héritiers directs de ses traces, l’essayiste veut témoigner de sa propre expérience, dans un sens à la fois individuel et collectif, avec le « désir de prêter une voix aux pertes et de les rendre fécondantes ». L’autobiographie, ici, est aussi personnelle que politique et psychanalytique : « Une écriture testimoniale d’un certain type où le récit autobiographique instruit à chaque fois une ”vignette clinique” sur laquelle s’étaye la secondarisation d’une réflexion analytique » (L’Effacement des lieux).

Nous interrogerons donc Janine Altounian sur le rôle de l’autobiographie dans son œuvre d’essayiste, et la façon dont l’écriture, ici au carrefour de l’autobiographie, du témoignage, de la psychanalyse et de la traduction, peut offrir la possibilité d’élaborer les effets du traumatisme.

Agnès Spiquel : Correspondance Alexandre Vialatte – Henri Pourrat

Ces deux amis s’écrivent pendant quarante-trois ans (1916-1959) plus de 1100 lettres.

L’équipe qui s’est attelée en 2001 à la publication de cet ensemble s’est peu à peu amenuisée ; mais huit tomes ont paru de 2001 à 2018 ; le neuvième et dernier tome devrait paraître en 2021. On verra comment l’entreprise a été menée.

Cette correspondance familière, souvent prosaïque, est intéressante en ce qu’elle implique deux hommes très différents, voire inégaux sur beaucoup de plans, mais très amis, et pour qui l’écriture est centrale. À travers eux, ce sont des mondes qui sont en présence – dans le temps (le premier demi-XXe siècle) et dans l’espace (entre Auvergne et Paris), et dans les bouillonnements de l’édition française durant cette période.

 

Professeur émérite de Littérature française des XIXe et XXe siècles à l’Université de Valenciennes, Agnès Spiquel a longtemps travaillé sur Victor Hugo avant de se consacrer à Albert Camus. Sur celui-ci, elle a organisé plusieurs colloques et publié de nombreux articles. Elle a collaboré à l’édition des Œuvres complètes dans la Pléiade (Gallimard, 2006-2008) et au Dictionnaire Albert Camus (Laffont, 2009) ; elle a co-dirigé le Cahier de l’Herne Camus (2013) et publié la Correspondance Albert Camus-Louis Guilloux (Gallimard, 2013) ; sa dernière publication est, en collaboration avec Christian Phéline, Camus militant communiste. Alger, 1935-1937 (Gallimard, 2017). Elle fait de nombreuses conférences tous publics. Elle préside la Société des Études camusiennes – ce qui la met en contact avec des chercheurs et des passionnés de Camus dans le monde entier.