Séminaire :
Homo fabulator, la performativité des fabulations / 2025-202625/09/2025
Avec l’avènement des États modernes, le droit s’est imposé comme mode de régulation sociale à grande échelle en étant porteur d’un récit d’émancipation de l’homme par rapport à un certain état de nature. Ce récit de la civilité fabulé par les savants juristes a pris corps dans la réalité avec l’avènement de la modernité en faisant advenir une manière d’être au monde, un rapport au vivant et une conception du sujet dont on mesure aujourd’hui le caractère historiquement inédit. Cette communication sera l’occasion de revenir sur la manière dont ce récit d’émancipation s’est construit dans la science des juristes à Rome et comment il s’est réinventé et déployé tout au long du processus de construction des États modernes. Cette communication sera aussi l’occasion d’aborder comment cette fonction émancipatrice du droit, continuellement interrogée, est particulièrement mise en doute à l’époque contemporaine et sur la responsabilité des juristes qui en découle. En effet, plus qu’à l’émancipation, le droit confinerait à la domination du vivant et, par là même, au contrôle de l’individu et donc à l’altération de sa puissance d’être.
Clotilde Aubry de Maromont est maîtresse de conférences à l’Université de La Réunion depuis 2017, rattachée au laboratoire Droit & Changement Social de l’Université de Nantes depuis 2023. Elle travaille sur la manière dont les formes juridiques donnent forme à la réalité matérielle des sociétés Occidentales. S’intéressant aux fictions du savoir juridique dans leur propension à dessiner le monde, elle met en résonance les savoirs et leurs contextes sociopolitiques de production dans une approche anthropologique et fictionnelle du droit. Elle est notamment l’autrice de La société obligée. Origines et fondements de la civilité, PUF, hors collection, 2025.