Séminaire :
Séminaire Zola 2025-202607/11/2025 - 07/11/2025, ITEM/CNRS 59, rue Pouchet 75017 PARIS - Salle 255 - 10h-12h

Georges Darien
« Il n’est qu’un mot pour les qualifier : ce sont des poètes. C’est l’éternel poésie noire, vieille comme l’humanité, comme le mal, comme la douleur. Ce sont des êtres de cœur, au cerveau de voyant, impatients du rêve[1]. » C’est en ces termes que Zola a qualifié les anarchistes alors que le procès de Ravachol était sur le point de débuter le 26 avril 1892. Au-delà de cette actualité des bombes, Zola a marqué à plusieurs reprises sa différence avec les anarchistes : il défend l’idée d’évolution, ils incarnent celle de révolution. Si Zola a pensé le roman contre l’anarchiste pour reprendre une formule d’Uri Eisenzweig dans Fictions de l’anarchisme, il ne faut pas oublier que les libertaires ont été, de leur côté, des lecteurs sceptiques du roman zolien et des critiques féroces de la méthode expérimentale appliquée à la littérature. C’est cette réception de Zola par les anarchistes qui nous pousse à une incursion anarchiste en territoire naturaliste. En faisant appel aux textes de quelques anarchistes qui ont exercé leur plume de pamphlétaire au tournant du siècle, nous allons nous intéresser à cette remise en question du naturalisme par les libertaires. Quel que soit le genre auquel l’auteur fait appel (roman, pamphlet, essai), il est bien question de multiplier les escarmouches et, peut-être, de porter l’estocade à cette littérature naturaliste « engendrée » par un « appétit d’ordures[2] » dont la bourgeoisie fin-de-siècle se délecte.
[1] Jean Carrère, « Entretiens sur l’anarchie. Chez M. Emile Zola », Le Figaro, 25 avril 1892, p. 2.
[2] Georges Darien, La Belle France, Voleurs ! [1994], Paris, Presses de la Cité, coll. « Omnibus », 2005, p. 1228.