Séminaire général de critique génétique / 2022-2023

13/06/2023, Ecole normale supérieure, 45 rue d'Ulm 75005 Paris. Salle Dussane 16h00-18h00

Portrait d’Arthur en monarque vénérable au début d’une copie de l’Historia Regum Britanniae de Monmouth provenant du Mont Saint-Michel (BnF, lat. 8501A, f. 108v)

Contemporains des cathédrales gothiques, les romans arthuriens en prose sont des fictions labyrinthiques, génétiquement modifiées d’un manuscrit à l’autre. Cycliques, ces fictions se déploient en prenant modèle sur le vivant (forêts, branches, entrelacs), transformant romanciers et copistes en jardiniers d’écriture. D’un manuscrit à l’autre, la rosace cyclique s’ouvre – le jardinier copiste taille, greffe, innove ou reproduit, il acclimate : la génétique y est l’avenir de l’œuvre, qui implique de penser l’autorité romanesque dans une perspective collective, mouvante et mémorielle. L’intervention, dans le sillage d’un livre consacré aux Suites rétrospectives du roman de Merlin, reviendra sur les procédés de « manuscriture » de quelques ateliers romanesques, qui se sont concurrencer pour raconter la jeunesse et la genèse du monde arthurien, du XIIIe au XVe siècle. Les liens de parentés poétiques et textuels de ces récits en réseau révèlent des pratiques de lecture et d’écriture collaboratives, qui illustrent, à même les témoins manuscrits, ce que l’on pourrait appeler « des droits de lecteur ».

Nathalie Koble est professeure de langue et littérature médiévales à l’ENS de Paris, rattachée à l’ITEM. Archiviste paléographe, agrégée de Lettres modernes et docteure en Littérature française, elle enseigne à l’École normale supérieure la langue et la littérature médiévales, la théorie littéraire et les pratiques d’écriture créative. Elle est également maîtresse de conférences en Français langue étrangère à l’Ecole polytechnique (Palaiseau). Ses recherches portent sur la tradition manuscrite et la conscience formelle des textes médiévaux (poésie et fiction), sur la mémoire du Moyen Âge dans la littérature et l’art contemporains et sur l’histoire de la traduction poétique. Elle est membre du Labex Transliterrae à PSL, et de l’équipe de recherche du CERAM à l’Université de Paris Sorbonne-Nouvelle.

À l’ENS, elle est responsable du Master d’Études médiévales (porté par l’Université de Paris IV) et co-responsable de la mineure d’Ecritures créatives. Elle anime un atelier, un cours de littérature et un séminaire de théorie littéraire (en partenariat avec Florent Coste et Amandine Mussou). Elle s’occupe également, au sein du département Littératures et langage, du séminaire « Make it new : traduire la poésie (théorie, histoire, pratique) » avec Roland Béhar (organisation d’atelier, de rencontres, de lectures, en lien avec des institutions partenaires) et, avec Déborah Levy-Bertherat, de la masterclasse d’écriture littéraire.