31/05/2017

Philippe Audegean, Christian Del Vento, Pierre Musitelli, Xavier Tabet (dir.), Le bonheur du plus grand nombre. Beccaria et les Lumières, Lyon, ENS Éditions, coll. « La croisée des chemins », 2017, 330 p. ISBN 978-2-84788-883-6

En quel sens peut-on dire que le petit livre de Beccaria, Des délits et des peines (1764), apparaît comme un geste de rupture ? La question intéresse notre modernité : en quel sens peut-on dire que ce livre est la source de notre droit pénal ?Le problème est abordé dans cet ouvrage à partir du constat suivant : dans l’Europe des Lumières, le livre de Beccaria a aussitôt été perçu comme un moment de seuil ou de passage. C’est donc en remontant à ses sources et en éclairant sa diffusion immédiate que les contributions rassemblées ici tentent d’évaluer sa nouveauté. Codification juridique, présomption d’innocence, laïcité du droit pénal, abolition de la peine de mort : comment Beccaria recueille-t-il un héritage tout en bouleversant un champ de discussions et de débats ?Œuvre singulière, aussi fulgurante par son style que par ses répercussions, Des délits et des peines apparaît comme un observatoire privilégié pour mieux comprendre la crise culturelle de la fin de l’Ancien Régime et la naissance de la culture contemporaine.

Publication en accès ouvert : https://books.openedition.org/enseditions/7568

 

Sommaire

Introduction – Philippe Audegean

Ouverture. Beccaria et la philosophie des Lumières
Beccaria, philosophe utilitariste – Gianni Francioni

I. L’héritage pénal
Avant Beccaria. La culture juridique à l’épreuve du temps – Maria Gigliola di Renzo Villata
Tradition et réformisme. Les inspirateurs culturels du Beccaria processualiste – Loredana Garlati
Défendre et protéger les prisonniers à Milan au temps de Beccaria. L’expérience d’Alessandro Verri – Pierre Musitelli

II. Critique de la culture juridique
Beccaria, l’anti-juriste. Critiques de la culture juridique et résistances aux réformes dans l’Italie du xviiie siècle – Elio Tavilla
Beccaria et le siècle de la législation – Denis Baranger
La nécessité, passager clandestin de l’abolitionnisme beccarien – Jérôme Ferrand

III. Économie et gouvernement
« L’envie prompte et inquiète de se distinguer ». Beccaria et le luxe – Cecilia Carnino
Beccaria, l’opinion publique et Diderot. À propos de la contrebande dans Des délits et des peines – Girolamo Imbruglia
Beccaria fonctionnaire et l’évolution de ses idées – Carlo Capra

IV. Discussions européennes : Italie
« Voilà le sophisme qui a séduit tant de publicistes ». Lectures contractualistes des Délits et des peines dans l’Italie du second XVIIIe siècle – Pietro Costa
Une suite philosophique et politique au chapitre XXVIII de Beccaria. Le traité Della pena di morte de Cammillo Ciaramelli – Luigi Delia
La « merveilleuse oppression » de la peine. Tommaso Natale, précurseur de Beccaria ou épigone de Leibniz ? – Rosamaria Alibrandi

V. Discussions européennes : France, Angleterre, Suisse
Voltaire lecteur de Beccaria. Le Commentaire sur le livre Des délits et des peines – Christophe Cave
« Adoucir le sort des hommes accablés par l’oppression légale ». La réception de Beccaria dans la Bibliothèque philosophique (1782-1785) – Élisabeth Salvi
Les radicaux anglais lecteurs de Beccaria (1767-1795) – Rémy Duthille
C’est en vain que le sang coule. Le philanthrope Jean-Jacques de Sellon (1782-1839), disciple chrétien de Cesare Beccaria – Michel Porret