Séminaire international Léopold Sédar Senghor

15/05/2024, 15h GMT (17h Paris)

Travail à la bibliothèque, 1954. Photo (recadrée), G. Labitte

Laura Gauthier Blasi (Universidad Europea de Madrid), « Senghor, l’indigénisme haïtien et le négrisme cubain ; influences, inspirations, unions et désunions ».

L’indigénisme haïtien et le négrisme cubain sont des mouvements « singularisés » nés de la prise de conscience politique et culturelle qui a concerné le vaste continent américain dès le début du XX siècle, lorsque les élites ont exploré les chemins de l’émancipation identitaire et ouvert la réflexion sur l’affirmation d’un soi collectif et national. Si, pour Nicolás Guillén, le projet se construit autour du concept du « métissage » (concept plutôt stable de la pensée identitaire cubaine qui sera nuancé selon les auteurs), Jean Price-Mars conçoit ce retour sur soi collectif en explorant le lieu : son passé, ses origines et son africanité.
Nous nous intéresserons d’abord aux particularités des approches de Jean-Price Mars et de Nicolás Guillén, pour explorer ensuite le rapport que Senghor entretient avec ces deux mouvements particuliers.
Laura Gauthier Blasi est enseignante et chercheuse à l’Universidad Europea de Madrid. Après avoir défendu sa thèse doctorale, en 2017, sur les cosmovisions et imaginaires du chaos dans l’œuvre littéraire de Gary Victor, elle travaille sur la littérature haïtienne et hispano-caribéenne. Elle fait aussi partie du groupe de recherche sur René Maran, depuis le mois d’octobre 2020, dans l’équipe « manuscrits francophones » de l’ITEM.

Serge Bourjea (ITEM), « Senghor : “La Négritude métisse”».

Senghor a voulu trouver le modèle d’un devenir-métis de l’humanité dans le Brésil des années 60, conçu comme « espérance de l’Afrique » et « modèle à suivre de la Civilisation de l’Universel ». Mais son vœu de voir naître « en Afrique de nouveaux brésils », s’est très vite affronté aux dictatures militaires brésiliennes (période 1964 / 1985) aussi bien qu’aux échecs de la décolonisation des pays lusophones d’Afrique (Angola, Mozambique, Guinée Bissau, période 1973-75). L’utopie, très ambiguë, d’un « métissage culturel mondial » né des racines négro-africaines de la Civilisation, semble dès lors avoir évolué vers une pensée plus subtile (et plus réaliste) de la « relation » humaine qui – se départissant des valences de « couleur et de race » – organise une poétique de la créolisation dont témoigne l’œuvre tardive. C’est ce que l’on voudra montrer à partir d’une nouvelle lecture de la Préface que donne Senghor, en 1976, au recueil du poète mauricien Édouard Maunick : ensoleillé vif ; et de l’hommage qu’il rend à Roger Bastide « sourcier et sorcier de la négritude », en 1976 également.