Gilles Philippe, « Le français, dernière des langues. Histoire d’un procès littéraire. »

17/11/2010

Ce livre étudie sur trois siècles l’apparition et le développement dans toute l’Europe de discours faisant valoir les faiblesses de la langue française (pauvreté lexicale, faiblesse rythmique, rigidité grammaticale…) et s’interroge sur les répercussions de ces discours sur les formes mêmes de notre littérature.

L’ouvrage

Il est des lieux de mémoire il y a des gouffres d’oubli.
Au rang de nos lieux de mémoire a pris place cette idée : que les qualités propres de la langue française lui ont mérité, depuis le XVIIIalt siècle, d’innombrables éloges. Ceux-ci ont aujourd’hui leurs historiens.
Au fond d’un gouffre d’oubli sont tombés d’autres discours, qui voulaient que notre langue fût imparfaite, qu’elle eût non seulement plus de défauts que de qualités, mais encore qu’elle eût plus de faiblesses que les langues voisines et rivales. De cette idée étrange, mais si longtemps attestée, l’histoire n’a pas encore été écrite. Ce livre lui est consacré.
Pendant trois siècles en effet, et dans toute l’Europe, on s’interrogea sur la pauvreté de notre vocabulaire, sur l’absence de rythme de notre parole, sur la rigidité de notre grammaire. Le français était-il trop abstrait ? trop précis ? trop timide ? Était-il approprié à la prose littéraire ? adapté à la poésie ? pertinent pour la spéculation philosophique ?
On découvrira ici ce que les plus grandes voix répondirent à ces questions et à bien d’autres.

Presses Universitaires de France
ISBN : 978-2-13-058681-4
Collection : Perspectives critiques
N° d’édition : 1
/312 pages /21.00 €

Table des matières

Introduction
Chapitre premier. — Un ramage subtil et faible
Les anciens, les modernes et les autres
L’affaire des Géorgiques françaises
De Voltaire à Diderot
Un ramage subtil et faible
1784 : un triomphe à la Pyrrhus ?
Nulle plus obscure

Chapitre II. — Le partage de l’Europe
Le partage des mérites
Printemps des peuples et automne du français
Le partage du territoire
L’Italie contre le français
La plus impoétique langue du monde

Chapitre III. — Sur un fragment d’Amiel
Au service de l’Allemagne ?
Critiques de la critique
More geometrico
Au service de l’allemand ?
Un débat qui n’en finit pas d’en finir

Chapitre IV. — Crise et spéculations
1906 : Chamfort revisité
L’introuvable clarté
La question de l’anglais : une trajectoire
La question de l’anglais : un parallèle

Chapitre V. — Gueuse fière, indigente orgueilleuse
Cette pauvreté embarrasse
La faute à Voltaire
Une des langues les plus lacuneuses
La fille d’Expédient et de Nécessité

Chapitre VI. — Une marche naturellement un peu raide
La faute à Rousseau
Une page blanche de Stendhal
La seule langue sans musique
La chance qui a compensé la malchance
Un idiome atone et gris

Chapitre VII. — Le lit de Procuste
Les règles de la méthode
Force est à celui qui porte des chaînes de mesurer ses pas
Le Serpent s’est sifflé lui-même au fond d’un trou
Peut-on écrire de la philosophie en français ?
Conclusion

Gilles Philippe est professeur de stylistique française des XIXe et XXe siècles à l’Université Paris III Sorbonne Nouvelle.