06/05/2020

Proust a pratiqué dans toute son oeuvre une écriture cryptée. Il use largement d’allusions à des œuvres littéraires. On reconnaît la scène « alludée » à des détails peu visibles mais insérés à dessein et proposés à la lecture ; les manuscrits montrent que ces détails varient souvent au cours de la genèse. Ainsi apparaissent dans l’oeuvre proustienne des scènes réécrites, parfois pastichées, venues de Balzac, de Stendhal, de Nerval, de Tolstoï. Cette technique de l’allusion implique une forme de jeu littéraire avec le lecteur (mais quel lecteur ?) ainsi que des prises de position critiques. Apparaissent aussi des allusions à des contemporains de l’auteur, dont beaucoup restent sans doute à identifier. Les événements cryptés peuvent être douloureux, comme l’affaire Dreyfus, tandis que des procédés comparables permettent à Proust d’évoquer les Ballets russes et leurs artistes novateurs. Enfin de nombreuses allusions relèvent de l’autobiographie ou plutôt de l’autofiction puisque l’auteur ne souscrit aucun pacte biographique. Ce livre (464 p.) tente d’analyser les modes de cryptage et de mettre au jour quelques-uns des fragments de récit qui forment la doublure du texte.