Séminaire Manuscrits francophones : Littératures du Sud - Le processus de fabrication / 2023

17/03/2023, Site Pouchet du CNRS, salle 311, 61 rue Pouchet, 75017 Paris (15-17h).

Conférence du Professeur émérite Christopher L. Miller, discutants Sami Tchak (écrivain), Elgas (écrivain), Jean-Pierre Orban (écrivain, éditeur) et Céline Gahungu (MCF, Paris 3).

Cette séance aura exceptionnellement lieu de 15h à 17h.

La critique ouologuemienne semble être partagée entre deux camps. (À tort.) Le premier voit dans Le Devoir de violence une œuvre révolutionnaire préoccupée par l’histoire, qui porte un regard afrocentriste et qui bouleverse la négritude et le colonialisme en même temps. L’autre camp, depuis 1971, voit dans les emprunts (le plagiat, les « prélèvements ») de Ouologuem une autre révolution, une écriture en collage qui pille la littérature européenne.

Mais il n’y a pas de contradiction. La preuve : Ouologuem a fait les deux en même temps. Il a révisé l’historiographie africaine tout en pratiquant un art de l’emprunt dans des proportions inouïes. Il était ambidextre.

Depuis un an j’ai l’idée de constituer pour la première fois un tableau « complet » des emprunts dans Le Devoir de violence. La tâche s’est avérée considérable. Certains cas sont connus depuis longtemps (André Schwarz-Bart, Graham Greene, Maupassant), mais les dimensions totales  restent inconnues de presque tous les lecteurs de ce roman. Grâce aux recherches de (surtout) Joël Bertrand, Antoine Habumukiza, Christine Chaulet-Achour, Jonathon Repinecz, nous pouvons maintenant apprécier non seulement l’ampleur des emprunts mais également la complexité des adaptations.

Mais sait-on déjà tout sur les emprunts de Ouologuem ? Dès la publication de ce tableau, il risque de devenir caduc.

Le but de ce projet n’est pas de relancer le débat sur l’éthique de l’emprunt ou le « scandale » du plagiat. Ce document est purement utilitaire ; il permettra aux lecteurs de voir à la fois l’érudition de Ouologuem et son processus d’adaptation textuelle (et surtout d’africanisation) tout à fait remarquable.

Christopher L. Miller (Yale University)