Cycle « La poétique de l’inhumain » par Masanori TSUKAMOTO (Professeur à l’Université de Tokyo)

21/03/2024, ENS, 45 rue d’Ulm 75005. Salle IHMC. de 14h00 à 16h00

Valéry et Flaubert ne considèrent pas la bêtise comme la marque d’une intelligence de degré inférieur. La bêtise, au contraire, est chez les deux écrivains quelque chose de productif. C’est une force extraordinaire, qui n’est certes pas orientée vers des fins rationnelles, mais qui ne cesse d’engendrer des choses pleines de charme et à l’état naissant. Valéry et Flaubert s’abandonnent parfois à ces charmes non pour s’y plonger, mais pour en tirer matière à écrire. Comment donc ont-ils tenté d’inclure la bêtise dans leur écriture ? La Tentation de Saint Antoine (1874) est un livre de jeunesse de Valéry, qui met Flaubert au même rang que Baudelaire, Mallarmé et Huysmans. Cette œuvre de Flaubert exerce une influence indéniable sur « La soirée avec Monsieur Teste » (1896). Essayons de dégager la conception valéryenne de la « bêtise », pour procéder ensuite à la comparaison des deux écrivains de ce point.

Anne Simon reviendra pour sa part sur la bestialité chez Flaubert, en examinant dans quelle mesure l’humanité du protagoniste et l’ordre vital du monde sont à divers titres mis en question par la problématique de la chasse dans La Légende de saint Julien l’Hospitalier. Ce conte hanté par la porosité des frontières entre animalité, humanité et sainteté déploie en effet une poétique du carnage et de l’élévation où se joue une surimpression troublante.